Citation

"Grâce à la liberté dans les communications, des groupes d’hommes de même nature pourront se réunir et fonder des communautés. Les nations seront dépassées" - Friedrich Nietzsche (Fragments posthumes XIII-883)

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Langue
Langue (manipulation de la)
Lapsus (linguae)
Liberté
Liberté (d'expression)
Ligne de temps 
Lit
Locard (principe de)
Logique
Loi de non-contradiction
Loi sur les propriétés transitives
Lost in Translation



Langue
La langue n’est pas seulement un moyen de communication, elle est porteuse d’une culture et d’une vision singulière du monde. Une langue n’est pas une façon différente de désigner les mêmes choses, c’est un point de vue différent sur ces choses.

Or on a bien fréquemment besoin, à la fois de dire certaines choses, et de pouvoir faire comme si on ne les avait pas dites, de les dire, mais de façon telle qu'on puisse refuser la responsabilité de leur énonciation. ...
Bien plus, il y a, pour chaque locuteur, dans chaque situation particulière, différents types d'informations qu'il n'a pas le droit de donner, non qu'elles soient en elles-mêmes objets d'une prohibition, mais parce que l'acte de les donner constituerait une attitude considérée comme répréhensible. Pour telle personne, à tel moment, dire telle chose, ce serait se vanter, se plaindre, s'humilier, humilier l'interlocuteur, le blesser, le provoquer,...etc. Dans la mesure où, malgré tout, il peut y avoir des raisons urgentes de parler de ces choses, il devient nécessaire d'avoir à sa disposition des modes d'expression implicite, qui permettent de laisser entendre sans encourir la responsabilité d'avoir dit." (Oswald Ducrot, Dire et ne pas dire, "implicite et présupposition")

Un acte de langage (ou acte de parole) est un moyen mis en œuvre par un locuteur pour agir sur son environnement par ses mots : il cherche à informer, inciter, demander, convaincre, promettre, etc. son ou ses interlocuteurs par ce moyen.
Cette théorie, liée à la philosophie du langage ordinaire, a été développée par John L. Austin dans Quand dire c'est faire (1962), puis par John Searle. Elle insiste sur le fait qu'outre le contenu sémantique d'une assertion (sa signification logique, indépendante du contexte réel), un individu peut s'adresser à un autre dans l'idée de faire quelque chose, à savoir de transformer les représentations de choses et de buts d'autrui, plutôt que de simplement dire quelque chose  : on parle alors d'un énoncé performatif, par contraste avec un énoncé constatatif. Contrairement à ce dernier, il n'est ni vrai ni faux.

La fonction illocutoire d'un acte de langage est, dans la théorie linguistique de  Austin, le message convoyé par un énoncé au-delà de son sens immédiat, celui que traduit sa dimension locutoire. Par exemple, le fait, à table, de prononcer la phrase « Est-ce qu'il y a du sel ? » n'a pas pour fonction de s'informer sur la présence (évidente) de sel dans la maison (contenu locutoire de l'énoncé) mais exprime plutôt que l'on voudrait saler son plat (fonction illocutoire) et se traduit généralement par le fait que l'un des convives vous passe la salière, ce qui est la fonction perlocutoire de l'énoncé. Autre exemple : "j'ai froid/Il fait froid ici !" (contenu locutoire) exprime la demande que quelqu'un ferme la fenêtre ou allume le chauffage (fonction illocutoire).

La fonction perlocutoire du langage, ou un acte perlocutoire, est l'effet psychologique que produit la phrase sur le récepteur, par contraste avec l'acte illocutoire. La distinction entre illocutoire et perlocutoire provient de la théorie des actes de langage de Austin (Quand dire, c'est faire), selon laquelle un acte performatif de langage (une promesse, un ordre, etc.) se divise en deux effets distincts : un effet illocutoire, qui consiste en la fonction performative de l'acte de langage au niveau conventionnel (je ne peux promettre, ou baptiser un bateau, que si certaines circonstances, ou normes conventionnelles sont réunies), et un effet perlocutoire, qui désigne l'effet psychologique ressenti par le destinataire (confiance, peur, timidité, etc.). L'acte perlocutoire se distingue ainsi de l'intentionnalité, dans la mesure où l'effet psychologique ressenti par le récepteur ne dépend pas de mon intention signifiante (par exemple, il ne dépend pas de moi que le récepteur ait confiance en ma promesse, ou qu'il se sente insulté quand je l'insulte; mais si je dis : « je promets que... », alors l'acte illocutoire de la promesse a eu lieu, que je veuille, ou non, tenir cette promesse – celle-ci tenant sa valeur non pas de mon intentionnalité, de ma sincérité, mais de la convention selon laquelle affirmer « je promets que... » c'est engager sa parole). L'effet perlocutoire est ainsi celui produit par la production de l'énoncé sur le co-énonciateur (destinataire) ou sur ses actes. Par exemple, suite à la phrase « Il fait un froid de canard », le co-énonciateur se lève et ferme la fenêtre. La fonction perlocutoire se comprend dans l'ensemble acte locutoire et force illocutoire.
 
Langue (manipulation de la)
Critiquer l'état actuel de la langue anglaise peut être risqué ; on peut facilement (et dans de nombreux cas, à juste titre) être accusé de snobisme et d'élitisme, et se voir opposer l'argument que la langue évolue et que nous devrions tous être prêts à nous y adapter. Bien que cela soit vrai jusqu'à un certain point, il est extrêmement important de se rappeler que la langue est un outil développé par les humains afin d'échanger des idées - et, comme tout outil, il y a ceux qui apprennent à le manipuler à leurs propres fins. Les dangers du langage en tant que mode de manipulation sont largement liés à son utilisation par ceux qui occupent des positions d'influence généralisée, c'est-à-dire les politiciens et les journalistes. Avec l'expérience et la formation adéquates, il devient facile pour un écrivain d'utiliser quelques astuces linguistiques pour tenter de pousser les lecteurs à faire des suppositions et des interprétations qui peuvent être totalement fausses, créant ainsi un récit qui correspond mieux aux intérêts de l'écrivain. Par exemple, le choix des mots donne le ton et oriente l'interprétation. L'euphémisme, d'utilisation d'un terme poli et optimiste pour décrire quelque chose de barbare afin de détacher une idée de son sens, et donc de dissimuler la vérité d'un événement. Et cela ne s'arrête pas aux "affrontements". L'expression "dommages collatéraux" est désormais d'usage courant dans notre langue, et elle est certainement beaucoup plus acceptable que "civils assassinés", l'expression qu'elle a été inventée pour remplacer. Les euphémismes peuvent également être utilisés à l'inverse : qualifier un immigrant d'illégal suggère qu'il est un criminel au moins en puissance.  

La structure de sa phrase. La tournure passive permet de ne pas nommer le sujet, donnant plus d'importance à l'objet ou ôtant au sujet une partie de son pouvoir d'action. Un politicien n'admettra sa faute que rarement, "des erreurs ont été commises". Nous sommes tous coupables de lire une phrase et de ne pas examiner son sous-texte en raison de la qualité de sa rédaction, en particulier si la lecture attentive n'est pas l'un de nos points forts. Ce type de phrase peut donc dissuader d'aller plus loin et constituer un obstacle initial à la lecture entre les lignes, ce qui conduit le lecteur à accepter la compréhension initiale comme un fait.

La dernière astuce dans le jeu de manipulation du langage est la contextualisation. Placé dans le bon contexte, on peut créer des associations entre deux éléments d'information potentiellement disparates. Après une manifestation sur le climat en 2008, les policiers présents ont affirmé que 70 agents avaient été blessés lors d'"affrontements" avec les manifestants. Ces blessures, cependant, ont été rapportées plus tard comme des piqûres de guêpes, des insolations et des douleurs dorsales le jour suivant la manifestation.
Ainsi, en utilisant ces astuces interdépendantes, un auteur peut simplement et facilement impliquer un lien de causalité, soulager l'agence des parties coupables et manipuler la perception du lecteur sur des questions, des événements et des personnes. Cela peut permettre aux politiciens de s'en tirer avec un comportement odieux, à la brutalité policière de se déchaîner et aux crimes de guerre de rester impunis. Ainsi, si le langage évolue effectivement, nous devons nous rappeler qu'il s'agit d'un outil créé à notre intention et que nous devons toujours être conscients des dommages potentiels qu'il peut causer.

Lapsus (linguae)
Erreur ("glissade") commise en parlant et consistant à exprimer autre chose que ce qu'on avait prévu d’exprimer. 
Les lapsus établissent une sorte de lien entre erreur de langage et pensée  dissimulée.
Freud y voit un symptôme important de l'émergence de désirs inconscients. L'inconscient se manifeste en déjouant les barrières du censeur interne, le Surmoi. Selon cette approche, si nous sommes responsables de nos paroles comme de nos actes, nous ne le serions pas de propos exprimant une pensée "involontaire", dont la source est "en dehors du discours", élément perturbateur constitué soit par une idée unique, restée inconsciente, soit par un mobile psychique plus général qui s'oppose à tout l'ensemble du discours.. Du point de vue cognitiviste, le lapsus ne contient pas de sens caché ou de désir inconscient, mais est tout simplement un phénomène énonciatif complexe ou une erreur de production lexicale. 
Quand Gerald MC déclare (interview Sky 100 jours après) Everything we have done during the last hundred days has focussed on the belief that Madeleine was alive when she was abducted, 
le mot "vivante" semble bien être un lapsus freudien. Si on avait emporté son corps pour supprimer un moyen d'identification, il ne s'agirait pas d'un enlèvement. Pourquoi ne pas dire simplement "ce que nous avons fait ces cent derniers jours est focalisé sur la croyance que Madeleine a été enlevée" ? 
Mais Gerald MC  récidive (le 19 novembre 2007, BBC Panorama) :
Kate and I strongly believe that Madeleine was alive when she was taken from the apartment. Obviously we don't know what happened to her afterwards...
Ils ne peuvent savoir si MMC a été emmenée morte ou vive, bien qu'ils doivent penser comme tout le monde qu'un enlèvement suppose un enlevé vivant, sinon il s'agit de recel de cadavre. Le curieux argument de l'enfant emmenée vivante date d'août 2007 et est lié aux alertes du chien EVRD. L'idée est peut-être de réfuter ces alertes. Les chiens ne sont pas fiables, ils se sont trompés, nous croyons qu'on a fait sortir MMC vivante de l'appartement.
Donc finalement ce ne serait pas du tout un lapsus, mais un mot de trop, tentative en dépit de la logique, de dénigrer les chiens.
L'absence d'homophonie, de proximité entre les mots, dans un laspus, permet de faire l'hypothèse que le lapsus est intentionnel. Il s'insérerait dans un projet argumentatif permettant à la fois d'assouvir le besoin de parler et d'obéir à l'injonction de se taire. La solution rhétorique, pour ce faire, est l'implicite. L'implicite, c'est l'art de faire comprendre une chose qu'on n'a pas vraiment prononcée. Il peut en effet arriver qu'on souhaite à la fois de dire et de pouvoir se défendre d'avoir voulu dire (Oswald Ducrot, Dire et ne pas dire). Cela permet de bénéficier à la fois de l'efficacité de la parole et de l'innocence du silence.

Liberté prise par les médias avec la liberté
Où s’arrête-t-elle ?
Pas de liberté pour les ennemis de la liberté.
Un rapport d'une commission multi partite vient d'être rendu public... News of the World le géant de la presse populaire de Rupert Murdoch ne peut plus nier l'évidence, ses journalistes ont des méthodes d'investigation inacceptables et illégales, car pour obtenir des information les journalistes adoubés par leur hiérarchie se livrent à des écoutes illégales (de la famille royale mais aussi des personnalités du sport et des arts), ils n'hésitent pas à acheter des témoignages , vérifient rarement les informations qu'ils diffusent et c'est sans parler de la dérive sensationnaliste et spectaculaire de la plupart des médias.
Alors certains intéressés se défendent, écrit The Guardian, en incriminant la manœuvre politique, comme dans toute lutte de pouvoir, les politiques veulent affaiblir le contre-pouvoir médiatique, mais c'est trop simple, la liberté d'expression ça n'est pas la liberté d'écrire n'importe quoi au mépris de toute légalité, ce n'est pas non plus de tout faire pour vendre son papier, c'est bien plus large et c'est ainsi que la presse doit d'urgence appliquer ces principes d'auto-régulation dont on parle tant notamment à propos des organismes financiers.
Dites donc, tenez vous un peu ! Ça marche donc aussi pour les médias ? titre The Times, parce que le fossé s'est resserré de plus en plus entre la presse dite sérieuse et le reste, alors il faut absolument que les journalistes d'investigation responsables défendent leurs méthodes et ce dans l'intérêt du public, il est indispensable que la presse ait aussi ses principes et ses devoirs comme elle a ses droits.
Eh bien on n'en prend pas le chemin, s'inquiète The International Herald Tribune qui depuis hier s'interroge, sexe, bavardage et rumeurs, c’est cela l’information ?
Cette année pour la première fois, un tabloid, The National Enquirer concourt au prix Pulitzer de la meilleur enquête pour avoir révélé la double vie d'un présentateur de télé, et voilà ce qui va concourir aux côtés du journalisme d'investigation politique ! Ça en dit long sur le désir d'information des citoyens.
Sans doute, répond el Pais, qui dans une double page et une colonne virulente fustige cette tendance des médias et de la télévision de toujours vouloir plaire au public. Pour la dénoncer il s'appuie sur cette émission de la RTVE qui a voulu mettre au vote des téléspectateurs le candidat espagnol à la fameuse Eurovision parce qu’une émission spéciale sur la télévision publique a créé depuis une vive polémique. Qu'est ce qu'il en est sorti à votre avis de ce concours? écrit el Pais, le triomphe de la belle musique et du bon goût? Eh non, le triomphe de la copulation, titre l’éditorialiste qui s'explique. Umberto Ecco me disait il y a peu de temps que si la télévision a nui aux riches et aux cultivés... si elle les a même souvent dénigrés, dans le même temps elle a profité au peuple dans son ensemble, aux prolétaires, aux ruraux et aux habitants des quartiers. Eh bien rien n'est moins sûr avec la télé espagnole, vous savez celle des loisirs du matin, celle des détritus du coeur l'après midi et celle des concours du soir, voilà que l'on demande au public de décider ce qui fait la culture musicale espagnole, ce qui est populaire serait donc forcément culturel, c’est absurde.
Et c'est ainsi que l'on arrive à cette dérive où un candidat autoproclamé John Cobra hué par le public s'est défendu non pas avec des mots, non plus avec son silence mais avec le centre de ses émotions, le centre de toutes ses pulsions, le monde de son pénis et des gestes obscènes ! Ainsi le vœu populaire est loin d'être la panacée, voilà bien les limites de la démocratie,  les limites de la liberté.

Liberté (d'expression) vs Censure 
Il y a des gens qui adorent la liberté d'expression, mais uniquement quand ceux qui en usent leur sont favorables. Et, s'agissant des médias, quand ils leur donnent satisfaction.
Il a dû être très contrariant pour les MC que la justice ait décidé que GA avait le droit de dire ce qu’il disait. Il faut accepter le fait que, parfois, on lit, on voit ou on entend des choses qu'on n'aime pas.  
Il y a toujours eu un combat entre la liberté d'expression et la censure, mais la censure était incarnée par l'État et les journalistes défendaient la liberté d'expression. Aujourd'hui les journalistes sont en première ligne pour réclamer la censure et ce sont eux qui surveillent leurs concitoyens comme on le voit tous les jours sur Mediapart. Nous sommes à l'heure d'un État de plus en plus faible et d'un journalisme de plus en plus fort et dont le pouvoir apparaît à la fois pesant et inquiétant. 

La liberté d'expression, comme toutes les autres, ne se renforce que si l'on s'en sert. Elle semble être devenue aujourd'hui, en Europe, l'ennemi public numéro 1. Une pelée, une galeuse, d'où nous vient tout le mal. On a surtout le droit de se taire, de marcher dans les clous, de se poser en victime permanente. Les joutes de l'esprit n'ont plus court

Préface inédite à Animal Farm (la ferme des animaux) de George Orwell
... Si les éditeurs et les directeurs de journaux s'arrangent pour que certains sujets ne soient pas abordés, ce n'est pas par crainte des poursuites judiciaires, mais par crainte de l'opinion publique. Ce qu'il y a de plus inquiétant dans la censure des écrits en Angleterre, c'est qu'elle est pour une bonne part volontaire. Les idées impopulaires peuvent être étouffées et les faits gênants passés sous silence, sans qu'il soit besoin pour cela d'une interdiction officielle.

Quiconque a vécu quelque temps dans un pays étranger a pu constater comment certaines informations, qui normalement auraient dû faire les gros titres, étaient ignorées par la presse anglaise, non à la suite d'une intervention du gouvernement, mais parce qu'il y avait eu un accord tacite pour considérer qu'il « ne fallait pas » publier de tels faits. En ce qui concerne la presse quotidienne, cela n'a rien d'étonnant. La presse anglaise est très centralisée et appartient dans sa quasi-totalité à quelques hommes très fortunés qui ont toutes les raisons de se montrer malhonnêtes sur certains sujets importants. Mais le même genre de censure voilée est également à l'oeuvre quand il s'agit de livres et de périodiques, ou encore de pièces de théâtre, de films ou d'émissions de radio. Il y a en permanence une orthodoxie, un ensemble d' idées que les bien-pensants sont supposés partager et ne jamais remettre en question. Dire telle ou telle chose n'est pas strictement interdit, mais cela ne se fait pas... Quiconque défie l'orthodoxie en place se voit réduit au silence avec une surprenante efficacité. Une opinion qui va à l'encontre de la mode du moment aura le plus grand mal à se faire entendre, que ce soit dans la presse populaire ou dans les périodiques destinés aux intellectuels...

... Il importe de faire la distinction entre la censure que les intellectuels anglais s'imposent volontairement à eux-mêmes et celle qui leur est parfois imposée par des groupes de pression. On sait que certains sujets ne peuvent être abordés en raison des intérêts économiques en jeu... Mais ce genre de choses est sans gravité, ou du moins compréhensible...

Evidemment, réclamer la liberté d'expression n'est pas réclamer une liberté absolue. Il faudra toujours, ou du moins il y aura toujours, tant qu'existeront des sociétés organisées, une certaine forme de censure. Mais la liberté, comme disait Rosa Luxemburg, c'est « la liberté pour celui qui pense différemment »... Les gens ordinaires - en partie, sans doute, parce qu'ils n'accordent pas assez d'importance aux idées pour se montrer intolérants à leur sujet - soutiennent encore plus ou moins que « chacun est libre d'avoir ses idées ».

Parler de liberté n'a de sens qu'à condition que ce soit la liberté de dire aux gens ce qu'ils n'ont pas envie d'entendre.

Ligne de temps
Toute enquête criminelle devrait commencer et se terminer par une ligne de temps. Elle seule permet de comprendre de façon claire et précise comment les protagonistes, les événements, les lieux et les preuves sont interreliés. La localisation dans le temps est vitale dans toute enquête de police pour donner une structure à un événement apparemment chaotique et désordonné - qu’il s’agisse d’une disparition, d’un enlèvement ou d’un meurtre. La ligne de temps fournit une plate-forme à partir de quoi mener l'enquête. Cette représentation visuelle des faits dans le temps et dans l'espace est incontournable pour l'investigation de ce qui pourrait s’être produit, compte tenu des éléments de preuve. 
L'examen d'un dossier d'enquête révèle des trous, des hypothèses, des liens manquants et un doute raisonnable. Parfois la source d'un élément d'information n'est pas indiquée et doit être recherchée. La ligne de temps est un document vivant qui se transforme au cours de l'enquête, permettant de se faire une idée plus claire des faits et de tracer une feuille de route.
Relire une enquête complexe implique de lire des milliers de pages parfois hors de propos ou incomplètes. La ligne de temps sert à la fois de référence et d'outil visuel pour identifier les relations entre les personnes, les lieux, les dates, les heures et les faits.
Une ligne de temps bien élaborée clarifie un cas complexe et devrait servir de référence pour comprendre les relations importantes. En étudiant une ligne de temps, on détermine les lacunes de l'enquête, étaie le mouvement des témoins et des victimes, exploiter les incohérences dans les déclarations des témoins, élaborer des alibis et évaluer la vraisemblance du dossier.
La ligne de temps est un outil souvent négligé.

Lit

Rien n'indique que MMC ait été enlevée de son lit. Pourquoi pas de leur lit, où elle aimait à se blottir pour se rassurer ? Comment les parents auraient-ils pu savoir où elle se trouvait quand l'hypothétique ravisseur s'est emparé d'elle ? Elle pourrait avoir entendu du bruit et être sortie de son lit, et avoir alors et éventuellement été enlevée. Mais l'idée qu'un prédateur l'ait cueillie dans son lit sonne à la plus terrifiant et moins culpabilisant pour les parents.
Le lit non défait et sans trace de quoi que ce soit ne plaide pas en faveur d'une petite fille en train de dormir dans son lit.
Il y a une chose étrange dans la déposition de Pamela Fenn. Elle a entendu seulement un enfant pleurer et avec une détresse croissante pendant plus d'une heure. Ces pleurs n'auraient pas réveillé les deux autres enfants qui, s'ils s'étaient réveillés, auraient sans doute pleuré aussi. L'explication est-elle que les jumeaux avaient le sommeil profond ?
L'explication pourrait être que Madeleine n'était pas restée dans son lit (si elle y avait été, il est possible qu'elle se soit endormie dans le lit des parents, lesquels, au retour, l'auraient mise dans le sien), mais était allée se réfugier dans celui de ses parents, comme elle le faisait quand elle se réveillait la nuit, tout du moins avant qu'ait été instauré un tableau de récompenses (mais il n'y en avait pas à PDL).

Locard (principe de)
Edmond Locard, élève de Lacassagne, fut directeur du Laboratoire de Police scientifique de Lyon (LPS). Esprit visionnaire (que l'on retrouve par ailleurs chez sa fille) il est l'auteur de nombreux ouvrages de police scientifique.


Logique
Les règles de la logique sont comme les règles mathématiques, une propriété immuable et inhérente de l’existence, pas des opinions. De la même façon que 2+2 font toujours 4, les règles de la logique sont immuables. La règle la plus basique de toutes sur laquelle toutes les autres reposent est la loi de non contradiction. Cette loi stipule qu’une chose ne peut pas simultanément être et ne pas être X. En d’autres termes, deux choses mutuellement exclusives ne peuvent pas exister simultanément. Les triangles ne sauraient être circulaires et les lignes droits anguleuses, même si un triangle est fait de trois droites formant 3 angles.  
Rejeter les règles de la logique, c'est souscrire à la possibilité des triangles circulaires où toute pensée rationnelle se désintègre. Le sens commun toutefois connaît intuitivement les règles de la logique puisqu'elles sont appliquées "sans le savoir" dans la vie quotidienne.
Les deux règles fondamentales de la logique sont la loi de non-contradiction et la loi des propriétés transitives. En fait, toutes les autres règles de la logique proviennent de ces deux lois. Elles sont très simples et faciles à comprendre, mais les gens les ignorent souvent ou en font un usage abusif.

Loi de non-contradiction
Une chose ne peut pas simultanément être et ne pas être quelque chose. En d'autres termes, deux choses mutuellement exclusives ne peuvent exister en même temps. Ainsi, par exemple, la loi de non-contradiction dit qu'un objet immobile et une force imparable be peuvent exister simultanément, car chacun annule l'autre. En d'autres termes, s'il existe un objet véritablement immobile, il ne peut y avoir de force imparable car elle contredirait les propriétés de l'objet immobile. À l'inverse, s'il existe une force imparable, il ne peut y avoir d'objet immobile car il contredirait les propriétés de la force imparable.

Au-delà de la découverte de paradoxes philosophiques amusants, cette loi comporte des applications très réelles et utiles. C'est en fait la raison pour laquelle les mathématiques fonctionnent de façon cohérente.
La somme des angles de n'importe quel triangle = 180 degrés
Pour le triangle ABC, angle A = 90
Pour le triangle ABC, angle B = 45
Par conséquent, pour le triangle ABC, angle C = 45

Pourquoi la conclusion est-elle valide? Tout simplement, parce que la loi de non-contradiction stipule qu'il n'est pas possible que tous ces prémisses soient vrais et que l'angle C soit autre chose que 45 degrés. En d'autres termes, si C était autre chose que 45, il serait en contradiction avec les autres prémisses, donc C doit être de 45 degrés.
D'où l'application la plus importante de cette loi. En raison de la loi de non-contradiction, les arguments doivent obéir à une logique cohérente. En d'autres termes, arguments et croyances ne peuvent pas entrer en conflit les uns avec les autres. Par exemple, "Indiana Jones et les Raiders of the Lost Ark sont l'un des meilleurs films jamais réalisés parce que Harrison Ford y est" (la présence de Harrison Ford est la raison pour laquelle c'est un des meilleurs films jamais réalisés) invite à répondre : "HF est également dans Kingdom of the Crystal Skull, est-ce l'un des meilleurs films jamais réalisés ?" Selon la loi de non-contradiction, Kingdom of the Crystal Skull serait l'un des meilleurs films jamais réalisés... Ou bien il faut rejeter la déclaration antérieure et reconnaître que la présence de Ford seule n'est pas suffisante pour qualifier un film comme l'un des plus grands de tous les temps. En fait il faudrait corriger et dire que l'action de Ford était bonne dans Raiders mais mauvaise dans le Royaume, l'argument erroné étant que la présence seule de HF suffisait à faire de Raiders un excellent film, argument clairement faux.

Loi sur les propriétés transitives
Cette loi stipule simplement que les propriétés d'une prémisse doivent être transmises aux ou reportées sur les autres prémisses. C'est la loi que l'on applique quand on essaie de résoudre des casse-tête logiques simples. 
Bob est plus grand que Bill. 
Bob est plus petit que Tom. 
Jane est plus grande que Tom. 
Jane est-elle plus  grande que Bill ?
Ces données peuvent être organisées dans les prémisses d'un syllogisme :
Jane est plus grande que Tom
Tom est plus grand que Bob
Bob est plus grand que BillPar conséquent, Jane est plus grande que Bill
La propriété "hauteur" a été transmise d'une prémisse à l'autre, ce qui a permis de conclure que Jane était plus grande que Bill. Vous pouvez également démontrer cette loi en utilisant des exemples mathématiques.
2 + 2 = 4
4 + 4 = 8
8 + 8 = 16
Par conséquent, 2 + 2 + 4 + 8 = 16
Cette loi peut également être appliquée aux équivalences.
A = B
B = C
Par conséquent, A = C
Il est important de noter que cette loi ne fonctionne qu'avec de véritables prémisses. En d'autres termes, si l'une des propriétés est incorrecte, l'argument ne fonctionnera pas et résultera souvent en sophisme de la pente glissante.

Si vous prenez de la marijuana, vous finirez par prendre d'autres drogues
Si vous finissez par prendre d'autres drogues, vous mourrez d'overdose
Par conséquent prendre de la marijuana vous fera mourir d'overdose
Il est évident que si les prémisses ne sont pas consistantes l'argument ne fonctionne pas. On affronte une difficulté analogue lorsque les prémisses sont vraies dans certaines conditions.
Dans certaines conditions A cause B
Dans des conditions différentes B cause C
Dans des conditions différentes C provoque D
Par conséquent A provoque D
Le problème ici est que A ne mènera à D que si les trois conditions précises sont remplies. Les chances que les conditions changent de manière appropriée pour que A cause D sont tellement faibles que ce n'est pas une hypothèse de travail.
Les OGM créent de nouvelles combinaisons de gènes
Dans certains cas, les bactéries dans l'intestin peuvent incorporer de l'ADN de la nourriture dans leur génome
Dans certains cas, lorsque les bactéries incorporent l'ADN, elles peuvent former de nouvelles protéines
Dans certains cas, certaines protéines sont toxiques
Par conséquent, les OGM créent des protéines toxiques
La conclusion n'est pas valide parce que les chances de cette séquence se dégage réellement sont extrêmement faibles. En outre, il n'y a aucune raison pour laquelle cela ne pourrait pas se produire avec les aliments non-OGM, donc cet argument viole également la Loi sur la non-contradiction.

Lost in Translation
On parle de "perte" dans le passage d'une langue à une autre lorsqu'un ou plusieurs mots imprimant une subtile différence de sens, une nuance, à un énoncé sont négligés dans la traduction.
«Perdu dans la traduction» ne signifie pas "incorrect". Cela signifie que le sens de ce qui a été dit n'a pas été saisi dans sa totalité, pour ne rien dire de la perte incontournable de connotations.

Kate dit dans M*
Nous craignions que certaines des déclarations que nous avions faites à la police portugaise, en particulier le premier jour, se soient perdues dans la traduction. Nous avons également estimé que ces comptes-rendus n'étaient pas suffisamment détaillés et nous voulions avoir tous les détails dont nous puissions nous souvenir enregistrés correctement.
La raison invoquée de la déposition auprès de CRG le 13 mai est la préoccupation des MC à propos des dépositions faites à la PJ : qualité des traductions et des détails.
Le 4 mai, cependant, ils ont été reçus au poste de police par deux membres du personnel consulaire britannique. L'ambassadeur britannique, John Buck, est arrivé de Lisbonne plus tard avec deux attachés. Lorsqu'ils ont quitté le poste de police Angela Morado, la proconsule était avec eux. John Buck, Liz Dow et Andy Bowes, et
le consul Bill Henderson les attendaient dans leur appartement. Trois officiers de liaison venant du LC sont arrivés le 5 mai. Au cours des jours suivants, ils ont vu les FLO tous les jours et John Buck et Bill Henderson sont revenus les voir. Gerald a demandé à John Buck et Margaret Beckett d'essayer d'améliorer la manière dont l'enquête et la recherche étaient menées (M*), mais il ne s'est plaint à personne d'une insatisfaction au sujet des dépositions. Pourtant la liste des diplomates et policiers à qui ils pouvaient demander conseil est impressionnante.